Sacrer son camp

Par: Stéphanie Dubuc Combien de fois ai-je croisé des gens qui avait la geule à terre et le moral dans le fin fond des souliers ? Des gens qui comme vous et moi aspirent à être heureux mais qui se mettent leurs propres barrières au bonheur ? Ceux qui disent avoir des rêves et une tonne de projets mais n'osent pas les accomplir par peur de l'échec. Il y en a beaucoup trop qui préfèrent rêver endormis par peur de se casser la geule. Pourquoi ? Parce que la déception fait mal ! Mais le regret de ne jamais avoir osé essayer est bien pire que d'avoir tenté un move et d'avoir échoué. Plusieurs personnes se contentent d'avoir un gros salaire, plusieurs cartes de crédits et une job qu'ils considèrent être "De la grosse marde." 40h semaine dans un travail qui leur procure une sécurité et du pain sur la table. Mais à quel prix ? Celui de devoir se lever un lundi matin en maudissant son quotidien et en se disant "Osti pas déja lundi !" Et ça pour l'avoir vécu c'est une chose toxique qui minera votre vie et votre quotidien.Pourquoi la majorité pense qu'il est impossible de gagner sa vie en faisant ce que l'on aime ? Pourquoi ceux et celles qui ont des passions les abandonnent au fil des années, en disant qu'ils "manquent de temps ?" Ou en disant que c'est "trop fou comme projet ?" Il est là le problème. En vieillissant notre coeur d'enfant prend trop souvent le bord. C'est comme le p'tit-cul qui rêvait de devenir astronaute mais qui un bon matin s'est dit: "Je passerais pas ma vie sur les bancs d'école. Anyway cette job là est hors d'atteinte !" Ou la petite fille de 14 ans dans son sous-sol qui rêvait de faire des études en musique, mais qui a décroché en secondaire 2 et qui était "bin trop gelée" pour penser un jour être capable obtenir un diplôme. Et bien cette petite fille là c'est moi. Après avoir décroché du secondaire, fait tous les restaurants de ma petite banlieue en tant que caissière j'ai décidé de "SACRER MON CAMP" dans la grande ville. Ou j'ai enfin réalisé quel métier je voulais faire: animatrice radio. Après mes études en communications et quelques postes en tant qu'animatrice j'ai fini par me retrouver sans micro. Life's a bitch ! Des démos par-ci, des cv par-là, je devais mettre du pain sur la table. J'ai donc dû travailler 40h semaine dans des jobs que j'aimais pas pentoute. Se lever chaque matin avec ton diplôme d'animatrice accroché sur le mur pour aller tourner des oeufs en matinée et placer du linge l'après-midi. ÇA, ça fait chier en P’tit Jésus d'arc-en-ciel de marde. Et c'est à partir de là que "la p'tite fille" a décidé d'arrêter d'être malheureuse dans sa forteresse blindée qu'elle avait elle-même construite et qu'elle a pris la meilleure décision de sa vie. "SACRER SON CAMP." En se disant qu'elle n'avait rien à perdre et que les choses ne changeraient pas si elle ne bougeait pas de là. J'ai repris ma guitare et mon crayon et je me suis remise à ma première passion, la musique. Je savais que elle, elle ne me lâcherait jamais. Que parfois j'avais pu la mettre de côté mais quelle revenait toujours au bon moment. Et cette fois-ci elle était revenue juste à temps pour aller auditionner à cette fameuse école dont je rêvais quand j'avais 14 ans. Et à ma grande surprise, j'ai été acceptée. Nos propres barrières sont nos pires ennemies. Ma grand-mère me le disait si bien: "On a le choix d'être heureux ou malheureux dans la vie." Et elle avait raison, on a la chance de pouvoir faire toute la différence. Arrêtons d'avoir peur d'échouer, arrêtons de dire que le bonheur c'est pour les autres. Le bonheur c'est pour tout le monde, sortez votre paire de couilles, votre coquille, vos jambières pis votre casque pis allez vous péter la geule. Parfois la vie fait en sorte de vous montrer comment bien encaisser les coups avant de vous faire parvenir à l'endroit ou vous devriez être.Et parfois il faut faire face à la musique et s'avouer qu'on a assez perdu notre temps pis qu'il est enfin temps de sacrer son camp. Stéphanie Dubuc Animatrice du Crachoir